Certes, cette idée peut faire grincer quelques dents, tellement les signes annonciateurs prédisent l’inverse. Les « rouges » menacent, vitupèrent, s’organisent et continuent de chercher comment renvoyer Abhisit à ses études.
Mais ce que redoutent la plupart d’entre nous, de nouvelles manifestations violentes et leur impact calamiteux sur l’activité économique, n’arrivera pas. Probablement pas. Les pro-Thaksin, contrairement aux « jaunes », n’ont pas remporté l’été dernier, au moment où ils auraient pu y croire, la victoire de la rue, malgré leurs faits d’armes à Pattaya.
Faits d’armes qui ont d’ailleurs précipité leur débâcle à Bangkok, quand l’armée est intervenue là où elle s’était retenue lors de la prise de l’aéroport. Plus prudente que par le passé, cette intervention « en douceur » n’a pas déclenché une révolte populaire antimilitaire. Fait marquant. Ceci expliquant cela, les chances qu’ont les « rouges » de provoquer des élections en 2010 − leur but avoué − sont ailleurs.
L’épouvantail brandi par les leaders de l’opposition de mobiliser « un million de personnes » si la fortune de Thaksin est saisie par la justice le mois prochain sert avant tout à garder leur puissante base électorale mobilisée et toujours très sensible au sort réservé à l’ancien Premier ministre.
"Les "rouges" contrairement aux "jaunes", n'ont pas remporté la victoire de la rue."
Pour cela, ils tenteront de déstabiliser la coalition au pouvoir. Une coalition aux pieds d’argile, faite d’alliances d’intérêts, qui a tenu le choc en 2009, contrairement au sort qu’on lui prédisait.
Abhisit et les Démocrates y ont contribué, en acceptant de nombreux compromis avec leurs ennemis d’hier. L’enjeu, en 2010, se trouve bien là. Les Démocrates vont-ils pouvoir brandir la carotte et le bâton sans provoquer de crise de gouvernance aux conséquences fâcheuses ?
Personne n’y a pour le moment intérêt, même si l’amendement de la Constitution, porté par les petits partis politiques, est le premier vrai test pour des Démocrates très divisés sur la question.
Quant aux « rouges », ils continueront leur travail de sape, avec Thaksin à la baguette, qui fait trembler, à lui seul, les institutions. Sans pour autant les faire vaciller.
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